À l’aube des élections et au vu de la crise climatique que nous vivons, l’écologie est présentée comme un enjeu pour tous les partis. Traditionnellement issue des milieux progressistes, la cause écologiste semble être de plus en plus cooptée par des groupes politiques d’extrême droite dont les idéologies profondes en sont fortement opposées.
Les politiques actuelles en matière d’environnement ne font qu’éloigner les citoyens de l’écologie en instaurant taxes et normes restrictives visant l’individuel. Ces mesures ne sont globalement que de l’écologie de confort qui n’est là que pour maintenir un niveau de vie pour les classes moyennes supérieures, c’est une écologie qui ne se pose jamais la question des classes populaires et pauvres, laissant ainsi l’extrême droite jouer sa carte afin de capter l’électorat écœuré. Mais la vision écologique de ces mouvements suscite des questionnements sur la nature de leur engagement et leurs véritables motivations derrière ces façades. L’écologie se doit d’être politique, mais peut-elle être portée par l’extrême droite ?
Sur le plan économique et industriel, l’extrême droite et le nationalisme, en mettant en avant la notion de "nation" soutiennent vigoureusement la croissance économique dans le but de renforcer l'image de leur pays sur la scène mondiale. Or, cette approche soulève des paradoxes écologiques majeurs. L’industrie, en étant le moteur de cette croissance, reste l’une des principales sources de pollution environnementale. Ces courants politiques, tout en prônant la prospérité nationale, se retrouvent ainsi face à un dilemme car leur soutien indéfectible à la productivité est en contradiction avec les impératifs écologiques actuels.
Contrairement aux mouvements anti-productivistes qui critiquent l’exploitation excessive des ressources et les conditions de travail bien souvent déplorables, l’extrême droite attache une importance primordiale à la compétitivité nationale et à la maximisation des profits, faisant ainsi de la productivité un des piliers de leur vision politique.
L’extrême droite joue également beaucoup la carte du localisme en présentant un attrait du terroir et de la proximité. Elle cherche par ce biais à susciter une nostalgie de temps passés et souvent embellis où la vie communautaire était prédominante. Mais toutes ces idées du “c’était mieux avant” ne reflètent qu’une vision idéalisée du passé. Il ne faut pas creuser loin avant de comprendre que ce “c’était mieux avant” veut en soi dire avant les vagues migratoires, les considérant comme les invasifs de leur pureté. Ce “c’était mieux avant” met en avant le fantasme d’une culture et d’une nation homogènes en englobant bien souvent des éléments culturels sélectifs et mythifiés hostiles à toute influence extérieure ou diversité qui pourrait remettre en question cet imaginaire simpliste et romantique du passé. Il est crucial de garder à l'esprit que ces idées sont simplistes et limitées, souvent enclines à ignorer la complexité des sociétés modernes et la richesse de la diversité culturelle.
Ces idées cherchent à justifier des politiques d’exclusion, en érigeant des barrières contre tout ce qui est perçu comme étranger ou différent. Lors des présidentielles de 2022 en France, Marine Le Pen spécifiait dans son programme que “L’urgence est de rompre avec une écologie dévoyée par un terrorisme climatique qui met en danger la planète, l’indépendance nationale et plus encore, le niveau de vie des Français” et proposait comme « premier levier d’une transition écologique », « la préférence pour les produits français, pour l’emploi des Français, pour l’investissement dans les entreprises françaises ». Toujours concernant le Rassemblement National, Hervé Juvin (écarté du parti en 2022 suite à une condamnation pour violences conjugales) déclarait que « L’homme doit défendre son biotope contre les espèces invasives. Il faut protéger les écosystèmes, à commencer par les écosystèmes humains que sont les nations » et par “espèces invasives”, allez comprendre les populations extra-européennes. Alain de Benoist, principal penseur de la mouvance de la “Nouvelle Droite” (courant d’extrême droite à tendance nationale-européenne naît à la fin des années 60) écrivait également « La vraie écologie se doit de préserver la diversité humaine par le maintien des grandes races dans leur environnement naturel ». Un projet qui, sans grande surprise, ne se résume qu’à la préférence nationale tant voulue par les partis nationalistes sans désir d’adopter un réel projet écologiste vouant juste un culte à la “nation grande” et la haine de l’autre.
Gardons le à l’esprit : la sauvegarde de la terre pour l’extrême droite, c’est d’abord la sauvegarde de la nation. La “vision écologiste” de ces courants ne tient pas en compte des rendus scientifiques tels que ceux du GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat mondial). Ils ne cherchent qu’à créer un socle pour asseoir leurs projets basés sur le rejet de l’autre et le nationalisme. En se positionnant sur la question de l’écologie, ils cherchent à ne pas laisser leurs concurrents politiques en garder l’avantage de la question. Comme par exemple la N-VA se vantant que son ancêtre la Volksunie abordait déjà la question dans les années 50.
Afin de viser un monde meilleur, l’écologie doit être anticapitaliste, féministe et antifasciste. Et tous les moyens doivent être entrepris, de la conscientisation d’individus à l’action directe.